Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°9-11, 1913.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.
supplément aux Vies parallèles

Brunetière, on l’en retira toute sans Brunetière. C’était de sa faute s’il était resté dans le froid intersidéral. Et comme il s’était trouvé ou il devait se trouver quelqu’un pour se présenter contre Brunetière au Collège de France il se trouva aussi quelqu’un, peut-être un ancien élève de Brunetière, pour se faire alors créer par une création adventice, par une création supplémentaire, et complémentaire, et en somme pour prendre la place de Brunetière dans la nouvelle École Normale.

Le parti intellectuel fut très fier de cette invention. S’il y avait eu quelque honneur dans le personnel de l’École Normale, (mais on ne voit pas bien ce que l’honneur serait allé faire sous la présidence de M. Lavisse), ces maîtres de conférence n’eussent point souffert qu’une telle iniquité fût commise à l’égard de Brunetière et dans la personne de Brunetière. On avait été bien content, quelques années auparavant, de faire appel à Brunetière et à la gloire incontestée de Brunetière pour donner de l’éclat à l’ancienne École Normale. La plus simple décence demandait qu’on le gardât, (puisqu’on l’avait demandé), à présent qu’on avait changé de politique. Il y a un tel manque à la plus élémentaire décence à demander à un homme de venir illustrer une maison et ensuite à manœuvrer sournoisement pour éliminer cet homme. C’est tellement donner et retenir. Mais je vais plus loin. Quand même M. Brunetière n’eût pas été l’homme qu’il était, quand même M. Brunetière n’eût pas été Brunetière, quand même il n’eût pas illustré la maison, quand même on ne l’eût pas demandé, quand même on ne l’eût pas appelé, même pour un homme ordinaire, même pour un maître de conférences ordinaire c’est toujours une honte qu’un

38