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VIES PARALLÈLES DE M. LANSON ET DE M. ANDLER


Sorbonne de quelque façon, aurait une situation personnelle, si je puis dire, au moins égale à son ancienne situation ; et généralement avantagée ; et plus d’avenir. Dès lors la réforme devenait excellente. Et comme on dit viable. Le tout s’effectuait sous la grosse présidence morale, (pour ainsi parler), et bientôt effective de M. Lavisse. C’est tout dire. Ce nom seul était une bonne garantie de trahison. Mais il fallait toujours éliminer ce Brunetière. Et c’est ici que l’on fit le coup de la création discontinue. On ne transporta pas l’École Normale en Sorbonne. Non. Il eût fallu y transporter Brunetière. Non, mes enfants, on supprima l’École Normale ; on annula, on annihila l’École Normale. Ne pâlissez point, mes enfants, on devait la rétablir quelques instants après.

Vous pensez bien, si on ne l’avait pas rétablie, l’ayant supprimée, nous ne la verrions pas aujourd’hui.

Mais dans l’intervalle, dans la coupure entre sa suppression et son rétablissement elle était passée par un temps de néant et dans ce néant on avait perdu Brunetière.

Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. On n’avait pas transporté l’École Normale en Sorbonne ; on n’avait pas modifié l’Ecole Normale : c’eût été encore la continuer, au sens philosophique de ce mot. On la plongea dans un néant absolu, dans un néant métaphysique. Ex nihilo ad nihilum. Puis de ce néant absolu, de ce néant métaphysique par une création absolue, par une création métaphysique on la recréa nouvelle et comme nous la connaissons. Mais dans cette coupure de néant métaphysique ce malheureux Brunetière était tombé. On avait plongé l’École Normale dans le néant, on l’en avait retirée. On l’y avait plongée toute avec

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