Peut-être qu’en essayant de le prendre comme un autre
en effet il serait comme un autre, en effet nous le ferions
comme un autre. Qui n’a pas connu la douceur de
M. Lanson ignore ce que c’est que du vinaigre sucré ; et
du fiel en confiture. J’ai encore dans l’oreille la douceur
avec laquelle M. Lanson commença de parler de Corneille ;
essaya de parler de Corneille. Tout le monde
comprenait bien que si Corneille se fâchait, ce serait
lui Corneille qui serait dans son tort ; qui aurait mauvais
caractère ; qui se serait mis dans son tort. La
douceur de M. Lanson était désarmante. Il prononça
d’abord ce nom de Corneille sans colère apparente,
sans ressentiment, avec la même tendresse, aussi
patiemment qu’il avait publié tous les autres noms.
C’était bien le même chapelet. Pourquoi fallut-il que ce
grain fut si gros. On sentait presque que M. Lanson
faisait des avances à Corneille. Il ne demandait pas
mieux que d’expliquer Corneille, et de l’épuiser, par le
même enfilement des causes secondes. D’autant plus
que ce sacré bonhomme, (c’est Corneille que je veux
dire), faisait d’abord semblant de se laisser faire, le
vieux Normand, (le jeune Normand). Fallait-il qu’il fût
roué, et comme Normand, et comme avocat. (Moi aussi,
je les manœuvre, les causes secondes). Lui aussi il
avait fait semblant de prendre la suite. Lui aussi il
avait semé notre chemin de ces premières pièces qui
font semblant de prendre la suite. Lui aussi il avait fait
semblant de vouloir entrer en série. Lui aussi il avait
fait semblant de ne penser qu’à une chose quand il
travaillait, qui était de bien entrer à sa place dans une
bonne histoire bien faite du théâtre français. Vous
savez, ces premières pièces, qui viennent en suivant,
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VIES PARALLÈLES DE M. LANSON ET DE M. ANDLER
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