pensée, comme la pensée était sa matière, son milieu
naturel, son climat. Ceci donné je vais pouvoir me faire
entendre et entrer dans mon parallèle de M. Lanson et
de M. Andler.
On peut être opposé, on peut être diamétralement contraire aux idées de M. Andler, à la pensée de M. Andler, à la méthode de M. Andler, au système de M. Andler, il faut convenir qu’au moins il a suivi sa ligne, et que c’est une vie tout d’une pièce. M. Andler nous a enseigné qu’on n’a pas le droit de traiter un sujet, ni même d’en parler, tant qu’on n’a pas épuisé la documentation et la littérature de ce sujet. C’est une question de savoir si on épuise jamais, et si c’est opportun, et si c’est même possible, et si c’est décent, et si c’est urgent, et si c’est utile. Cela se plaide. Mais au moins voilà un homme qui suit les enseignements qu’il donne. M. Andler ne nous donnera pas un Gœthe avant d’avoir épuisé la littérature et la documentation sur Gœthe. Il ne nous donnera pas son Nietzsche avant d’avoir épuisé la littérature et la documentation sur Nietzsche. Que la conséquence soit que nous ne verrons jamais de Gœthe et que nous ne verrons peut-être jamais de Nietzsche, c’est une autre question, c’est une autre affaire, c’est un débat. Qu’il faille le regretter, c’est notre sentiment, mais c’est un débat. Qu’on puisse, qu’on doive regretter que tant de promesses n’aient pas été tenues, qu’on puisse, qu’on doive en vouloir à une méthode aussi ingrate et aussi stérilisante, qu’on en soit venu même à haïr cette méthode, qu’on ne lui pardonne pas de nous avoir tant fait perdre, cela c’est notre propre situation. Mais enfin ici on a affaire à un homme constant.