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M. LANSON TEL QU’ON LE LOUE


voir beaucoup, et, selon toute apparence, pour voir juste, à condition d’avoir l’œil prompt et net, l’esprit aigu, la pensée en éveil, l’habitude des méthodes exactes, et l’amour puissant du vrai. De son bref séjour aux États-Unis, M. Lanson a tiré un livre vif, fin, précis, probe, et singulièrement riche… »

Dans cette lèche extraordinaire apparaît très nettement une secrète inquiétude. Elle perce dans tous les mots. Cette affirmation presque violente du : C’est assez répond à une incertitude intérieure ou plutôt à la conviction du contraire. Le selon toute apparence est une réserve d’une conscience timorée. Le à condition est une contre-garantie et une contre-assurance, et nous avertit que nous n’aurions tout de même pas le droit d’en faire autant, parce que nous ne sommes pas capables d’un tel tour de force, parce que nous n’avons pas l’œil prompt et net, l’esprit aigu, la pensée en éveil, l’habitude des méthodes exactes, et l’amour puissant du vrai. C’est M. Lanson qui a tout cela.

Mais qu’est-ce que l’habitude des méthodes exactes. Vous jouez sur les mots, monsieur Rudler. La méthode, monsieur Rudler, l’invention moderne, la nouveauté moderne, ce n’est point l’exactitude, c’est l’épuisement du détail indéfini, c’est l’épuisement de la documentation et de la littérature sur un sujet, et même sur tous les sujets. L’exactitude avait été inventée par les Grecs, monsieur Rudler. Non point tout à fait par les Grecs qui se battent avec les Turcs, mais par les anciens Grecs. Vous avez certainement entendu parler des anciens Grecs, monsieur Rudler, au cours de vos études d’enseignement secondaire, au cours de vos humanités, quand vous faisiez vos classes. Vous savez, Homère,

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