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M. LANSON TEL QU’ON LE LOUE


autre chose à faire que de regarder), qui sait, nous serons peut-être forcés de reconnaître un génie à un homme comme Racine, et à un homme comme Corneille. Par où un génie a passé, il en passera peut-être d’autres. Si on dénivelle pour M. Lanson, il faudra peut-être déniveler pour Corneille ; et tout le système d’horizontalité tombe. S’il y a jaillissement, s’il y a une source le désert est arrosé. Et s’il y a le génie toute la graduation revient ; et les petits et les grands ; et les petits et les grands dans la sainteté ; et les clients et les patrons ; et les pécheurs et les saints. Et l’arrosement de la grâce. Rorate, caeli, desuper.

Ainsi nous, nous pouvons accorder à M. Lanson de faire un livre sur l’Amérique après un séjour de trois mois. Mais ni M. Lanson ni M. Rudler ne peuvent l’accorder à M. Lanson. Et on le sent très bien dans l’article de M. Rudler. M. Lanson avait fait ce livre. M. Rudler voulut, une fois de plus, faire plaisir à son ancien maître. Comment faire plaisir à un ancien maître, sinon en publiant un compte rendu élogieux d’un livre de lui. Mais tout fait voir que M. Rudler a fort bien senti le coup. Il a fort bien vu la difficulté. Je soupçonne M. Rudler d’être honnête. Il lance des pavés, mais il est un ours. Pour tout dire je soupçonne que M. Rudler est resté l’honnête garçon que nous avons connu quand il y a vingt-deux ans il était notre aîné de quelques années. Le monde est plein d’honnêtes gens. On les reconnaît à ce qu’ils font les mauvais coups avec plus de maladresse. Il est hors de doute que quand M. Rudler s’est trouvé en face du livre de M. Lanson il fut fort embarrassé, car il est honnête, et qu’il sentit fort bien que non seulement ce livre échappait à la

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