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M. LANSON TEL QU’ON LE LOUE

Que dirai-je de Sirius, lointain et démodé. Quelle vulgarité. Et cet emploi de antinomies est bien hasar-deux et risque bien d’être impropre et purement littéraire. Et pareillement cette supériorité dialectique, même quand c’est celle de M. Lanson. La dialectique est une science très particulière et M. Rudler n’a pas l’air de s’en douter. Mais ici encore je demande ce que je demandais pour M. Langlois. Je demande : Qui trompe-t-on. Je demande : Qu’est-ce que la méthode. Et y a-t-il une méthode ou n’y en a-t-il pas. Et pour qui est faite la méthode. Et si nos maîtres sont lassés de la méthode, qu’au moins ils le disent.

C’est nous autres imbéciles, c’est nous écrivains, prosateurs, poètes, chroniqueurs, (et peut-être philosophes), moralistes, publicistes, journalistes, essayistes, pamphlétaires, portraitistes et animaliers, c’est nous qui avons le droit d’aller passer trois mois en Amérique et d’en revenir avec un trois cinquante et de porter 298 pages chez Hachette, si Hachette veut. Mais M. Lanson est un scientifique. M. Lanson suit la méthode. M. Lanson n’a pas le droit. M. Lanson n’aura le droit d’écrire un mot sur l’Amérique que quand il aura épuisé la documentation et la littérature sur l’Amérique depuis le commencement des Incas et même avant, depuis toujours, (car chacun sait que l’Amérique du Nord tient au Mexique et, par l’Amérique Centrale, à l’Amérique du Sud). C’est nous autres comédiens qui avons le droit d’aller trois mois en Amérique et de regarder ; et de voir, et de rapporter, et de parler, et de conter. M. Lanson est tenu de dépouiller auparavant et d’épuiser toute la documentation et toute la littérature sur l’Amérique. Autrement M. Lanson n’est plus scien-

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