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l’argent suite


toutes. Et les seules peut-être qui amassent en un point d’irrévocable autant d’éternité dans le temps.

§. — Tout ce qui nous est arrivé, au moins que cela serve à cette jeunesse qui monte. C’est le premier actif, c’est le commencement de l’actif, que d’avoir nettoyé son passif. C’est le premier gagné, que de savoir, que d’avoir mesuré tout ce que l’on a perdu. Que d’avoir déblayé. Et c’est la plus grande infortune mais c’est aussi le plus grand armement que de savoir sur qui on ne peut pas compter. C’est une grande opération de faite qu’un inventaire, et un bilan. Et d’avoir apuré ses comptes. Et de partir au moins d’une table rase. C’est beaucoup déjà de savoir que Bazaine est Bazaine, (je ne dis rien de plus), et que Mac-Mahon est Mac-Mahon, et que Trochu est Trochu. Pareillement c’est déjà beaucoup de savoir que Jaurès est Jaurès et que Lavisse est Lavisse. Quand on a été livré par son gouverneur, c’est bien agréable, parce qu’au moins on sait qu’on ne doit plus lui confier les grands commandements. Est-ce donc enfin trop demander.

§. — Rien n’est aussi poignant, je le sais, que le spectacle de tout un peuple qui se relève et veut son relèvement et poursuit son relèvement. Et rien n’est aussi poignant que le spectacle d’une jeunesse qui se révolte. Je le sais. Si je ne le dis pas plus souvent, c’est que j’ai horreur de tout ce qui est excitation et de tout

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