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§. — Quand on nous demande de respecter un vieillard, pour ainsi dire automatiquement, sans examiner s’il est respectable, et surtout sans examiner si lui-même respecte le respect, on veut faire jouer automatiquement dans un cas particulier une règle générale et cette règle générale veut faire jouer en somme et en tous cas les sentiments et la loi du respect filial. Au fond ce que l’on veut que nous respections dans un vieillard en particulier, c’est le vieillard en général et ensuite et d’autre part ce que l’on veut que nous respections dans le vieillard, (en général), c’est la paternité, c’est le père. Ce que l’on fait surtout jouer, ce que l’on veut surtout faire jouer, ce sont les sentiments de la paternité. Mais alors nous aussi nous sommes pères. Et par conséquent nous aussi nous avons le droit de parler. Et ces sentiments se retournent. C’est justement parce que nous avons des fils, et parce que nous sommes revêtus de la responsabilité paternelle que nous ne voulons pas que nos fils après nous restent commandés éternellement par cette génération de capituleurs. Ils en ont assez fait avec nous. Nous ne voulons pas qu’ils recommencent et qu’ils continuent indéfiniment avec nos fils. Nous déjà, c’est assez, c’est trop que nous les ayons supportés si longtemps. Nous aussi nous sommes pères. Nous voulons précisément que notre expérience serve à nos fils. Puisque nous avons ce bonheur, s’il est permis de parler ainsi, que nous avons pâti, justement pour cela nous ne voulons pas que nos fils pâtissent ; à leur tour ; et des mêmes hommes ; et des mêmes abus ; et

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