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l’argent suite


Mais notre matière est toujours aussi grave, c’est-à-dire qu’elle est toujours et aussi comique et aussi tragique. Et aussi ingrate et aussi difficile et aussi peineuse. Nous pouvons être des différentes piétailles. Mais nous gravissons toujours le même chemin. Vos vingt-cinq ans, mon jeune camarade, valent tous les vingt-cinq ans. Ils ne sont aucunement diminués. Et permettez-moi de vous le dire, mais alors ceci tout à fait entre nous, le coup de passer quarante ans et de commencer à redescendre le versant est aussi grave de nos jours que dans le temps de Fabius Cunctator.

§. — Croyez donc bien, mon jeune camarade, que la vieillesse a le même prix et que le respect a le même prix et que la grandeur est la même et a le même prix. Quand donc vous me refusez de faire ce rapprochement, quand vous me refusez de mettre ensemble le nom même de M. Lavisse et toute considération sur la grandeur du vieillard et quand vous m’accusez de créer ainsi la plus grossière disparate et quand vous avez raison, tout ce que vous dites c’est vous alors qui accusez M. Lavisse et qui le diminuez d’autant, car vous ne l’accusez de rien moins que de ceci : de ne pas même être un vieillard.

§. — Et alors nous nous recoupons. Nous revenons exactement à ce que nous disions. Ils veulent bien être des vieillards en ce sens qu’ils aient derrière eux des

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