toute généralisation hâtive a trop de chances d’être fausse.
— Le gros de l’ouvrage décrit le régime de l’enseignement,
Collèges, Universités, Cours de jeunes filles, Bibliothèques,
etc., etc. — Une dernière partie, non la moins curieuse,
comprend un tableau de la France d’aujourd’hui. Nisard,
Taine, Brunetière se sont tour à tour essayés à donner le
leur ; il serait piquant de leur comparer celui de M. Lanson.
En étudiant les institutions américaines pour elles-mêmes,
avec la curiosité désintéressée et la sympathie qu’elles
méritent, M. Lanson n’a jamais oublié notre pays. La
France est partout dans son livre, au premier plan ou dans
le lointain, ni dénigrée ni surfaite, sans optimisme de
commande, sans le pessimisme national ; ce n’est pas au
moment où l’étranger réapprend le chemin de nos Universités
et se remet à estimer notre culture qu’il siérait à personne
de la déprécier, à ceux-là surtout qui en ont rétabli
le prestige. Un excellent patriotisme, ferme et délicat, anime
ces pages. Aux forces et faiblesses de l’Amérique font pendant,
tant dans l’ordre matériel que dans l’ordre moral, nos
faiblesses et nos forces. M. Lanson indique ce que chacun
des deux peuples peut apprendre de l’autre, par où ils
peuvent se compléter, ce qu’on nous demande, à quels
vains espoirs il nous faut renoncer, quel champ reste
ouvert à notre activité ; en particulier, une enquête et des
tableaux précis montrent que nous sommes loin d’avoir
conquis à notre langue sa place possible et légitime. De
cette confrontation lucide et pratique des deux civilisations
pourrait et devrait sortir tout un programme d’effort
fécond.
À l’enseignement moral que les États-Unis nous offrent si nous avons besoin d’en profiter — autorité toujours compétente et agissante, discipline volontaire et active, puissance de réalisation, coopération des volontés pour obtenir d’une machine exactement conçue et parfaitement réglée le maximum de rendement — ils ajoutent un service d’un autre genre, inattendu. C’est de dépassionner nos batailles. L’Amérique connaît les mêmes crises, aborde les mêmes problèmes que nous. Elle les traite et les résout dans un esprit différent. N’ayant ni notre passé ni nos