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l’argent suite

§. — Comme il y a l’homme de quarante ans, mon jeune camarade, il y a aussi l’homme de soixante-dix ans. Il est incontestable qu’il y a aujourd’hui un parti des hommes de soixante-dix ans. Et que nous ne sommes pas seulement commandés : que nous sommes barrés par ce parti. Il nous barre devant nous. Il nous masque notre feu. S’ils étaient nos ennemis, ça irait bien : nous tirerions dessus. Mais ils sont censément nos chefs, et ils nous empêchent de tirer.

Il est incontestable qu’il y a aujourd’hui, devant nous, une rangée, une barrière des hommes de soixante-dix ans qui occupent toutes les têtes de pont et qui nous empêchent de déboucher non point sur les honneurs : nous les leur laisserions volontiers ; non point sur les commandements : nous les laisserons volontiers à d’autres ; mais sur l’action de la bataille et sur l’action du travail.

§. — Rien n’est grand comme le vieillard. Le vieillard c’est Booz et le vieillard c’est Nestor. Et surtout le vieillard c’est le vieux Siméon. Et c’est le vieil Horace et c’est le vieux don Diègue. Mais plus le vieillard est grand, plus il risque. Car si tant de grandeur se tourne du mauvais côté, ce vieillard n’est plus qu’une ganache.

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