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l’argent suite


devoir de citer tout entier. On fera, si je puis dire, la part du fou. Et encore elle est bien peu considérable :


Le discours du chancelier allemand a été sifflé par les élus de 4.200.000 électeurs socialistes.

Mais le chancelier aura ses 850.000 hommes d’active.

Quant à nous, nous n’avons pas encore nos trois ans ; mais nous tenons déjà les 500 millions de dépenses supplémentaires qu’Étienne a demandés pour l’armée, les 500 millions que Baudin réclame pour la marine, sans préjudice de ce qu’on nous demandera demain.

Nous voilà donc condamnés plus que jamais, de chaque côté du Rhin — même si nous échappons aux trois ans ! — à suer chaque année de nouvelles centaines de millions pour les jeter dans le gouffre sans fond du militarisme, alors que l’argent manque pour tant d’œuvres urgentes de vie et de solidarité, avec la joyeuse perspective, après avoir été tondus et saignés, d’être envoyés un de ces quatre matins à l’abattoir.

Le panslavisme russe est là, orgueilleux, insolent, mis en appétit par les victoires balkaniques, prêt à dévorer l’Autriche, le nouvel homme malade que ronge un cancer slave. Et il a derrière lui les masses énormes de la race slave dont les fils sont nombreux comme les grains de sable du désert.

Et, lui faisant chorus, le nationalisme français qui recommence, depuis l’amitié anglaise et les victoires balkaniques de l’alliée slave, à se dresser sur ses ergots et à pousser des cocoricos.

Tout cela, le chancelier allemand l’a vu et bien vu. Il a parfaitement raison de croire que l’entente franco-russe est devenue une véritable menace pour l’Allemagne et pour la paix européenne.

Mais à qui la faute si cette alliance existe et persiste ? À qui la faute si l’or français soudoie les armées russes, et si le développement de la puissance slave entretient tous les espoirs de nos chauvins ? À qui la faute si, la grande presse aidant, les cocoricos et les battements d’ailes de nos va-t’en-

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