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Ils ont droit au commandement s’ils savent commander, s’ils sont bons pour commander. Mais ils n’ont pas droit au commandement par cela seul qu’ils sont des vieillards.

Les vieillards, comme tels, parce qu’ils sont vieillards, ont peut-être droit au respect, aux honneurs ; ils n’ont, comme tels et en cela même, aucun droit au commandement. Autrement il suffirait de devenir suprêmement vieux, dans n’importe quel ordre, pour parvenir, dans cet ordre, au commandement suprême.

§. — On admet bien, dans le militaire, et tout le monde admet, pour les militaires, que rien n’est dangereux comme les généraux fatigués. Et loin de donner aux généraux vieillis les commandements suprêmes on a créé la limite d’âge. Et on ne parle que de rajeunir les cadres. Et on croit avoir bien fait, et on se félicite, et on croit presque avoir remporté une victoire quand on a réussi à rajeunir les cadres, quand on a réussi à abaisser les limites d’âge. Et on a raison. Pourquoi faut-il ici encore, et faut-il donc une fois de plus, que les institutions militaires, tant honnies, soient une fois de plus données en exemple à nos institutions civiles, si triomphantes. Si M. Lavisse était militaire, le général Ernest Lavisse ne pourrait commander ni l’École de Saint-Cyr ni l’École Polytechnique. Mais pourquoi M. Lavisse civil est-il bon pour commander l’École Normale Supérieure. C’est aussi un commandement, le commandement de l’École Normale Supérieure. Pourquoi M. Lavisse est-il bon pour garder le commande-

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