Page:Cahiers de la Quinzaine, 14e série, n°9-11, 1913.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
cahiers de la quinzaine


m’occuper de M. Lavisse. Mais pendant ce temps il s’occupait de moi. Je veux dire qu’il s’occupait de nous. Je veux dire qu’il restait en place et en fonctions. Et en charge. Et qu’il continuait de faire dans les milieux du gouvernement universitaire la politique de Jaurès et de Herr.

§. — Paris est plein d’amis unilatéraux. Ils sont amis communs unilatéraux. Ne parlez donc pas de Lavisse, disent-ils, c’est mon ami. Mais ils n’ont pas dit à Lavisse : Ne parlez donc pas de Péguy, c’est mon ami. Ou alors il faut croire que Lavisse n’a pas beaucoup suivi leurs conseils cette fois-là, ou que généralement il est bien insensible à leurs conseils. C’est toujours le même système de gouvernement que nous subissons, gouvernement des esprits et gouvernement temporel. Ils sont amis de Lavisse pour empêcher Lavisse de recevoir nos coups, mais ils ne sont pas amis de Péguy pour empêcher Péguy de recevoir les coups et le gouvernement de Lavisse. C’est un duel où tous les témoins couvrent de leur corps l’un des deux adversaires. Ils sont amis d’un côté et eux aussi ils sont irréversibles. Ils sont amis de Lavisse pour défendre Lavisse non pas même contre nos coups, non pas même contre nos attaques, mais contre nos défenses et contre nos ripostes. Ils ne sont pas amis de nous pour nous défendre de subir, sous le commandement de M. Lavisse, le gouvernement de Herr et de Jaurès.

168