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cette incohérence dans ce qu’il me permettra de nommer l’affaire Alsace-Lorraine. Quand on voit tous les peuples dont ils nous ont parlé et qu’on voit qu’il n’y a qu’un peuple dont ils ne veulent pas que l’on parle et que ce seul peuple dont ils ne veulent pas que l’on parle est un peuple français, on se demande : Comment cela se fait-il ?

§. — Au fond je crois que Pressensé a peur de la force. Cet homme qui fut personnellement d’un courage inouï est devenu une sorte de gros cafard en tout ce qui est de politique générale, soit intérieure, soit extérieure. Son cas n’est pas du tout celui de Jaurès. Il est beaucoup moins simple, beaucoup plus profond, beaucoup plus intéressant. Jaurès défend les peuples opprimés pourvu que ce soit contre la France. Si on pressait beaucoup M. de Pressensé il avouerait qu’il défend les peuples opprimés à cette condition que l’oppresseur ne soit pas fort ; et si l’on cherchait un peu à analyser ce que c’est qu’un oppresseur qui est fort, on trouverait en définitive, en dernière analyse, que c’est un oppresseur qui peut faire la guerre. (Sur le prétexte, ou sur le motif précisément d’une tentative de libération).

§. — De sorte que en dernière analyse on trouverait que M. de Pressensé est pour la liberté des peuples à condition qu’il n’y ait pas de risque de guerre, à condi-

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