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y est agrégé, comme on voudra. Il y a quelques années, quand il commençait ses exercices, Hervé déclarait modestement qu’il était le meilleur élève de M. Seignobos. Ce n’était pas assez dire et nous nous dirions que Hervé était et qu’il est le meilleur élève que M. Seignobos. Ou encore j’aimerais mieux dire que M. Seignobos est le plus mauvais élève de Hervé. Il (Hervé) préconisait il y a quelques années une petite opération que je suis forcé de nommer de mobilisation elle-même par laquelle le premier jour de l’autre mobilisation, (de la nôtre), et pendant la première heure les militants fusilleraient les militaires, c’est-à-dire que l’armée du général Hervé, (comme on le nomme aujourd’hui non sans quelque apparence), fusillerait tous les officiers, sous-officiers, caporaux et soldats de l’armée militaire, plus tous les officiers, sous-officiers, caporaux et soldats des pompiers de Paris, plus tous les officiers, sous-officiers, brigadiers et cavaliers, plus tous les officiers, sous-officiers, brigadiers et canonniers, plus tous les officiers, sous-officiers, caporaux et sapeurs, et non seulement cela mais tous ceux de la réserve de l’armée active et tous ceux de la territoriale et tous ceux de la réserve de l’armée territoriale, et les volontaires plus jeunes, et les volontaires plus vieux, et les recrues, et les vétérans, et en outre qu’elle massacrerait les pontonniers, les télégraphistes, tous ces services que j’oublie. Ils n’épargneraient que les services de santé. Et encore. Il est permis de traiter par le mépris une telle imagination. Je n’en veux retenir que ceci, c’est qu’il sait très bien de quoi on parle, et dans quel plan on se meut. Il sait très bien, lui, que ce n’est pas une question d’un déjeuner, et que c’est une question de vie ou de mort.

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