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très loin aussi, nous le touchons dedans notre mémoire. Un jour des temps, en 1897, les bandes antisémitiques et antidreyfusistes avaient, par quelque ruse de guerre, et je soupçonne par quelque violence, envahi la Sorbonne.

§. — Ce fut une grande affaire. Ces bandes antisémitiques et antidreyfusistes étaient fort braves, elles étaient fort bien conduites, elles étaient très allantes et prenaient les plus vigoureuses offensives, conformément aux principes de la guerre moderne. Vous êtes trop jeunes, mes enfants, pour avoir connu tout ça. Et nous aussi nous étions fort braves, nous les bandes antiantisémitiques et dreyfusistes et nous étions fort bien conduits, (car nous nous conduisions nous-mêmes), et nous pratiquions les plus vigoureuses offensives, conformément aux principes de la guerre moderne. Il n’y avait que les radicaux, dans ce temps-là, qui n’étaient pas braves. Dans ce temps-là.

§. — Tout le monde se battait, dans ce temps-là. (Il n’y avait que les radicaux qui ne se battaient pas. Ils étaient pleins d’une étrange frousse politique redoublée d’une étrange frousse parlementaire et compliquée d’une étrange frousse électorale). Nous tous les autres nous nous battions comme des chiens et je puis le dire, dans ces batailles de la rue rien de part et d’autre ne fut jamais commis contre l’honneur.

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