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des riches et des pauvres fait la plus grosse moitié de l’histoire grecque et de beaucoup d’autres histoires et l’argent n’a jamais cessé d’exercer sa puissance et il n’a point attendu le commencement des temps modernes pour effectuer ses crimes. Il n’en est pas moins vrai que le mariage de l’homme avec la pauvreté n’avait jamais été rompu. Et au commencement des temps modernes il ne fut pas seulement rompu, mais l’homme et la pauvreté entrèrent dans une infidélité éternelle.

Quand on dit les anciens, au regard des temps modernes, il faut entendre ensemble et les anciens anciens et les anciens chrétiens. C’était le principe même de la sagesse antique que celui qui voulait sortir de sa condition les dieux le frappaient sans faute. Mais ils frappaient beaucoup moins généralement celui qui ne cherchait pas à s’élever au-dessus de sa condition. Il nous était réservé, il était réservé au temps moderne que l’homme fût frappé dans sa condition même.

Au regard du temps moderne l’antique et le chrétien vont ensemble, sont ensemble : les deux antiques, l’hébreu, le grec. Le chrétien était autrefois un antique. Jusqu’en 1880. Il faut aujourd’hui qu’il soit un moderne. Tels sont les commandements de ces gouvernements temporels. Telles sont les prises de ces saisons du monde. Il est indéniable que les mœurs chrétiennes elles-mêmes ont subi cette rétorsion profonde. Il nous était réservé d’inaugurer ce nouvel état. En somme la chrétienté avait peu à peu étendu au temporel cette parole que qui s’abaisse sera élevé, et que qui s’élève sera abaissé. Ainsi entendue, en ce sens, temporel, ce n’est pas seulement la parole de David, Deposuit potentes ; et exaltavit ; c’est presque la parole antique

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