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fondes. Nous ne croyons plus un mot de ce que disaient nos vieux maîtres ; et nos maîtres ont gardé tout notre cœur, un maintien, une ouverture entière de confidence. Nous croyons entièrement ce que disaient nos vieux curés, (je n’ose pas dire plus qu’ils ne le croyaient eux-mêmes, parce qu’il ne faut jamais dire ce que l’on pense), et nos vieux curés ont certainement eu notre cœur ; c’étaient de si braves gens, si bons, si dévoués, mais ils n’ont jamais eu de nous cette sorte propre d’entière ouverture de confidence que nous donnions de plano et si libéralement à nos maîtres laïques. Et que nous leur avons gardée toute.

Ce n’est point ici le lieu d’approfondir ce secret. Il y faudrait un dialogue, et même plusieurs, et je ne dis pas que je ne les écrirai pas. C’est le problème même de la déchristianisation temporaire de la France. Il faut qu’il y ait une raison pour que, dans le pays de saint Louis et de Jeanne d’Arc, dans la ville de sainte Geneviève, quand on se met à parler du christianisme, tout le monde comprenne qu’il s’agit de Mac-Mahon, et quand on se prépare à parler de l’ordre chrétien pour que tout le monde comprenne qu’il s’agit du Seize-Mai.

Nos maîtres étaient essentiellement et profondément des hommes de l’ancienne France. Un homme ne se détermine point par ce qu’il fait et encore moins par ce qu’il dit. Mais au plus profond un être se détermine uniquement par ce qu’il est. Qu’importe pour ce que je veux dire que nos maîtres aient eu en effet une métaphysique qui visait à détruire l’ancienne France. Nos

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