République et l’Église nous distribuaient des enseignements
diamétralement opposés. Qu’importait, pourvu
que ce fussent des enseignements. Il y a dans l’enseignement
et dans l’enfance quelque chose de si
sacré, il y a dans cette première ouverture des yeux de
l’enfant sur le monde, il y a dans ce premier regard
quelque chose de si religieux que ces deux enseignements
se liaient dans nos cœurs et que nous savons
bien qu’ils y resteront éternellement liés. Nous aimions
l’Église et la République ensemble, et nous les aimions
d’un même cœur, et c’était d’un cœur d’enfant, et pour
nous c’était le vaste monde, et nos deux amours, la
gloire et la foi, et pour nous c’était le nouveau monde.
Et à présent… À présent évidemment nous ne les
aimons pas sur le même plan, puisqu’on nous a appris
qu’il y a des plans. L’Église a notre foi, et tout ce qui
lui revient. Mais Dieu seul sait combien nous sommes
restés engagés d’honneur et de cœur dans cette
République, et combien nous sommes résolus à y rester
engagés, parce qu’elle fut une des deux puretés de
notre enfance.
Nous étions des petits garçons sérieux de cette ville sérieuse, innocents et au fond déjà soucieux. Nous prenions au sérieux tout ce que l’on nous disait, et ce que nous disaient nos maîtres laïques, et ce que nous disaient nos maîtres catholiques. Nous prenions tout au pied de la lettre. Nous croyions entièrement, et également, et de la même créance, à tout ce qu’il y avait dans la grammaire et à tout ce qu’il y avait dans le catéchisme. Nous apprenions la grammaire et également et pareillement nous apprenions le catéchisme. Nous savions la grammaire et également et pareillement nous