Page:Cahier de la quinzaine, série 8, cahier 11, 1907.djvu/75

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préparation de l’établissement, il y avait eu aussi une sorte d’incubation) alors nous verrons, et nous pourrons mesurer ce que nous aurons perdu.

De telles pertes sont irréparables. Et irréparables non pas seulement en un sens, au sens que nous avons dit, mais irréparables en un double sens. Car il faudrait un aveuglement inconcevable, — inconcevable, mais ordinaire, inconcevable, mais fréquent et commun, — pour ne pas voir, pour ne pas considérer que symétriquement et solidairement c’est nous aussi qui nous perdons. Quand nous voyons et quand nous constatons qu’une métaphysique, — une religion, — et qu’une philosophie est perdue, ne disons pas seulement qu’elle seule est perdue. Sachons voir et constater, osons dire qu’en face et par contre, ensemble et en même temps, c’est nous aussi, qui d’autant, sommes perdus. Quand nos modernes, quand le parti intellectuel moderne voient disparaître, dans l’ordre de la vie intérieure, quelque philosophie ou quelque religion, quelque métaphysique, ils se réjouissent dans leurs viscères et comme et tout ainsi et tout autant que quand ils assistent, dans l’ordre de la vie sociale, à quelque désintégration, à quelque désorganisation de quelque corps, quand ils obtiennent quelque désorganisation et désintégration de quelque corps, ils allument aux frontons en faux ionien des sous-préfectures démocratiques les lampions vraiment laïques des électorales réjouissances nationales. Qu’ils se rassurent, pourtant. Quand une métaphysique et une religion, quand une philosophie disparaît de l’humanité, c’est tout autant, c’est