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losophies, quand il s’agit de théories, ni dépassement, ni doublement. Ni progrès linéaire ni faculté de retour. L’humanité dépassera les premiers dirigeables comme elle a dépassé les premières locomotives. Elle dépassera M. Santos-Dumont comme elle a dépassé Stephenson. Après la téléphotographie elle inventera tout le temps des graphies et des scopies et des phonies, qui ne seront pas moins télé les unes que les autres, et l’on pourra faire le tour de la terre en moins de rien. Mais ce ne sera jamais que de la terre temporelle. Et même entrer dedans et la transpercer d’outre en outre comme je fais cette boule de glaise. Mais ce ne sera jamais que la terre charnelle. Et on ne voit pas que nul homme jamais, ni aucune humanité, en un certain sens, qui est le bon, puisse intelligemment se vanter d’avoir dépassé Platon. Je vais plus loin. J’ajoute qu’un homme cultivé, vraiment cultivé, ne comprend pas, ne peut pas même imaginer ce que cela pourrait bien vouloir dire que de prétendre, avoir dépassé Platon.

Platon est, comme les autres. S’il n’était pas, ce n’est pas vous qui l’inventeriez. Vous pourriez y mettre tout l’apparatus criticus que vous voudrez, assaisonné de cet esprit scientifique, le seul esprit de sel que notre collaborateur M. Fernand Gregh, ami, comme son maître Hugo, des calembours vraiment spirituels, ait osé, par un à peu près délicieux, nommer le sel Cérébros. Un homme, une œuvre, une culture est une réussite, appartient à l’ordre de l’événement. Dans cet ordre tout ce qui est fait est fait et peut se défaire, se perdre. Et au contraire tout ce qui est perdu est irrémédiablement perdu et ne peut se rattraper. Car dans cet ordre les