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montrerons tout au courant de ces recherches que nulle distinction réelle n’est aussi redoutable, — n’est aussi redoutée, plus ou moins confusément, plus ou moins obscurément, plus ou moins inconsciemment ou consciemment, — pour et par les fortifications imaginaires et pour et par les trop réelles dominations du parti moderne intellectuel.

Ce que je veux noter seulement pour aujourd’hui, ce que nous retrouverons peut-être à loisir à ce point de nos mêmes recherches, — et alors nous tâcherons de nous y arrêter, — c’est l’amusante substitution, demi-frauduleuse, — croyez bien que je le sais autant que vous, — mais si naïve et dans sa rouerie politicienne si désarmante, par laquelle tout ce monde moderne essaie de masquer l’absence plus ou moins consciente, plus ou moins voulue de cette capitale distinction réelle dans sa métaphysique en essayant de lui substituer une distinction imaginaire similaire, une distinction imaginaire en simili, chargée de tenir la place, du mieux qu’elle pourra, et de tâcher de faire oublier l’autre, la vraie : je veux dire cette si célèbre distinction nouvelle, nouvellement introduite entre le physique et le métaphysique, selon laquelle on nommerait physique tout ce qui est saisissable et ne réserverait à l’homme que de faciles triomphes, et selon laquelle aussi on nommerait métaphysique tout ce qui est insaisissable et ne réserverait à l’homme que d’ingrates déconvenues, une sorte de chasse gardée.

Nous montrerons au contraire et nous aurons à montrer que la métaphysique est peut-être la seule recherche de connaissance qui soit directe, littéralement, et que la physique, au contraire, ne peut jamais être qu’une