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gard insuffisant vers de plus nobles, vers de plus hautes anciennes humanités, répétons le mot : c’est une des erreurs les plus graves de la métaphysique honteuse, — honteuse : qui se cache et ne s’avoue pas et se renie elle-même, — de la métaphysique du parti intellectuel moderne que de se représenter ou de vouloir nous représenter la succession des métaphysiques et des philosophies, — des religions, — comme un progrès linéaire ininterrompu continu ou discontinu. Plus généralement c’est une des plus graves erreurs de la métaphysique du parti moderne intellectuel que de se représenter ou de vouloir nous représenter le progrès, — ce qu’ils nomment ou croient ou imaginent un progrès, — la succession des théories comme un progrès linéaire ininterrompu continu ou discontinu. Et cette plus grave erreur générale n’est elle-même qu’un cas particulier de cette plus grave erreur encore plus générale, qui consiste en une confusion, qui revient à confondre la succession des théories avec le progrès linéaire des pratiques. Ce sont les pratiques, les techniques, les économies qui avancent ou qui peuvent avancer d’un progrès linéaire, chaque ou toute pratique meilleure, chaque technique plus avancée, toute économie ultérieure, toute machine suivante, tout mécanisme, outil, appareil, outillage, appareillage inventé, imaginé, réalisé meilleur annulant, supprimant, dépassant ipso facto son précédent, — son concurrent, son modèle ? — son antérieur, son antécédent.

Mais de ce que les pratiques avancent par un progrès linéaire ininterrompu continu ou discontinu, il ne suit nullement, — et l’on ne peut passer de l’une à l’autre proposition que par une assimilation indue, qui est très