Page:Cahier de la quinzaine, série 8, cahier 11, 1907.djvu/64

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lerait ou dépasserait la maille immédiatement précédente.

[On entend bien qu’une série, qu’une suite historique peut être à la fois ininterrompue et discontinue. Ininterrompue en ce sens qu’il y aurait communication d’un bout à l’autre ; discontinue en ce sens que les différents éléments en seraient des unités discrètes. Grossièrement parlant, et pour emprunter de grossières images figurées, la différence et la relation qu’il y aurait entre une série, une suite historique ininterrompue continue et une suite ininterrompue discontinue serait comparable à la différence et à la relation qu’il y aurait entre une corde de chanvre par exemple, ou une corde métallique, et une chaîne à maillons. Toutes les deux sont ininterrompues, également. Pourtant l’une est en un certain sens continue, et l’autre discontinue.]

Mais il faut se représenter l’ensemble des grandes métaphysiques dans l’histoire et dans la mémoire de l’humanité, l’ensemble des grandes philosophies, seules dignes de ce grand nom de métaphysiques et de philosophies, comme l’ensemble des grands peuples et des grandes races, en un mot comme l’ensemble des grandes cultures : comme un peuple de langages, comme un concert de voix qui souvent concertent et quelquefois dissonent, qui résonnent toujours. Et qui n’existent et ne méritent que comme donnant une résonance. Rien n’est donc aussi faux, — et c’est une des plus grandes erreurs du monde moderne, une des erreurs les plus graves du parti intellectuel moderne, quand il essaie de regarder un peu derrière lui, quand regardant quelquefois en arrière il essaie de faire monter un re-