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voix qui par définition factice voudrait en même temps être la même, c’est-à-dire donner la même résonance. Un élève ne signifie plus rien. Le plus grand des élèves, s’il est seulement élève, s’il répète seulement, s’il ne fait que répéter, je n’ose pas même dire la même résonance, car alors ce n’est plus même une résonance, pas même un écho, c’est un misérable décalque, le plus grand des élèves, s’il n’est qu’élève, ne compte pas, ne signifie absolument plus rien, éternellement est nul. Un élève ne vaut, ne commence à compter que au sens et dans la mesure où lui-même il introduit une voix, une résonance nouvelle, c’est-à-dire très précisément au sens et dans la mesure même où il n’est plus, où il n’est pas un élève. Non qu’il n’ait pas le droit de descendre d’une autre philosophie et d’un autre philosophe. Mais il en doit descendre par les voies naturelles de la filiation, et non par les voies scolaires de l’élevage. Une métaphysique, une philosophie a toujours le droit, et peut-être, souvent, le devoir, — et sans doute ne peut-elle pas faire autrement, — d’être naturellement la fille, la filleule, la filiale d’une métaphysique et d’une philosophie maternelle, marraine, aïeule : en aucun cas elle n’a le droit d’en être scolairement l’élève. Il y a ici, au point de vue où nous nous sommes trouvés situés, une différence capitale entre la relation naturelle du père au fils et la relation, quand elle est scolaire, du maître à l’élève.

Rien n’est donc aussi faux que de se représenter la succession des métaphysiques et des philosophies dans l’histoire du monde comme une succession linéaire, comme une chaîne ininterrompue, continue ou discontinue, toujours linéaire, dont chaque maille annu-