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grandes métaphysiques ne sont que des réponses. L’athéisme lui-même, qui est une métaphysique, est une réponse. Comme le blasphème est une réponse. Comme la malédiction remontante est une réponse. Vigny aussi fait une réponse. Muet, aveugle et sourd au cri des créatures. Les grandes métaphysiques sont des langages de la création. Et à ce titre elles sont irremplaçables. Elles ne peuvent ni jouer entre elles, ni se remplacer, ni se suppléer mutuellement, ni se faire mon service les unes les autres. Et ce qu’elles sont le moins, c’est interchangeables. Car elles sont les unes et les autres, toutes, des langages éternels. Dits une fois pour toutes, quand ils sont dits, et que nulle autre ne peut dire à leur place. La voix qui manque, manque, et nulle autre, qui ne serait pas elle, ne peut ni la remplacer, ni se donner pour elle, ni faire croire qu’elle est elle, ni la construire censément du dehors par subterfuges, échafaudages, artifices et fictions. Ce serait une folie que de croire et de s’imaginer par exemple qu’à défaut de la philosophie platonicienne et plotinienne une autre philosophie, quelque philosophie moderne, — et ce serait proprement une barbarie, — que si la philosophie platonicienne et la philosophie plotinienne avait manqué, avait fait défaut, avait répondu absent, avait omis de fleurir et de fructifier dans cet âge et dans cette race et dans ce peuple de l’humanité quelque autre philosophie, quelque philosophie chrétienne ou moderne eût pu venir a sa place et nous dire qu’elle était elle et nous faire croire que cela revenait au même. Pas plus qu’aucune humanité ne pouvait remplacer, suppléer l’humanité grecque et nous faire croire que cela fût revenu au même. Et pour la même raison. Comme il n’y a ici