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d’aucune sorte. Et non plus au dépassement industriel, auquel on pense toujours, qui dans les temps modernes fascine tout le monde, qui fait comme une sorte d’immense et impérieux et inévitable précédent. Descartes n’a point battu Platon comme le caoutchouc creux a battu le caoutchouc plein, et Kant n’a point battu Descartes comme le caoutchouc pneumatique a battu le caoutchouc creux. Il n’y a que dans les écoles que l’on se représente et que l’on représente, grossièrement, ces grands métaphysiciens comme des capucins de cartes (au fait, je voudrais bien savoir ce que c’est que des capucins de cartes, et vous devriez bien me le dire ; tout le monde en parle, èt je ne sais pas ce que c’est), des dominos, ou des lutteurs qui successivement se tomberaient les uns les autres. Dans les écoles, et sans doute aussi dans les propres esprits de ces grands métaphysiciens. Parce que la chair est faible.

Comme les grandes et profondes races, comme les grandes et vivantes nations, comme les peuples, comme les langages mêmes des peuples, parlés, écrits, comme les arts inventés les grandes métaphysiques, les philosophies ne sont rien moins que des langages de la création. C’est une thèse métaphysique, et des plus grandes, que l’univers, j’entends l’univers sensible, est un langage que Dieu parle à l’esprit de l’homme, un langage par signes, un langage figuré, en d’autres termes, en termes spécifiquement chrétiens, que la création est un langage que le Dieu créateur parle à l’homme sa créature. Elle-même comprise dans cette création. Mais faite à l’image et à la ressemblance de son Créateur. Une immense bonté tombait du firmament. Réciproquement les grandes philosophies, les