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moderne, et constituant comme l’introduction de ce monde, une sorte d’explosion qui aurait été l’invention, l’imagination, réalisée, de la science moderne. Soudainement. Tout à coup. Et tout d’un coup. Disons le mot : miraculeusement.

Car ce qu’il y a de plus fort, je ne dirai point dans ce débat, qui est si vaste, mais dans cette partie du débat, ce qu’il y a de plus singulier et soi-même de plus prodigieux, c’est que l’idée moderne, exposée, affichée, proclamée partout aujourd’hui de l’intervention de la science moderne et de l’avènement et de l’introduction du monde moderne dans le monde, c’est que, loin d’être, elle-même, scientifique, au sens où ils entendent ce mot, c’est cette idée qui est merveilleuse, miraculeuse, prodigieuse, une idée de miracle et de la superstition du miracle. Si en effet l’humanité a été complètement, rigoureusement dépourvue de tout esprit scientifique, au sens qu’ils donnent à ces mots, pendant toute la miséreuse énormité de sa préhistoire et pendant toute la longueur, pendant toute la durée de son histoire, si l’apparition de l’esprit scientifique, de leur esprit scientifique, s’est faite comme par explosion, par un jaillissement imprévu et imprévisible, c’est alors que cette apparition est miraculeuse, qu’elle fait une merveille, un miracle, et peut-être la plus grande merveille et le plus grand miracle que l’on ait jamais imaginé.

Qu’ils se rassurent : Il semble bien que leur propre introduction dans le monde n’a pas été à ce point contraire à eux-mêmes, à ce qu’ils introduisaient ou prétendaient introduire, à ce qu’ils étaient introduits ou prétendaient être introduits. Il semble bien qu’à cet égard au moins, à cet égard en particulier ils aient eu