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taines situations, c’est infailliblement en prendre et en occuper d’autres.

Je prends une comparaison, ce que l’on ne devrait jamais faire, parce qu’une comparaison altère toujours un peu la raison. Je prends une comparaison qui semblera peut-être elle-même un peu grossière, mais dont je prie que l’on ne se scandalise point, s’il est vrai que rien ne peut nous servir autant de comparaison et de repère et de référence pour les événements d’alimentation mentale et sentimentale que les événements sensiblement correspondants de l’alimentation charnelle. Donc je suppose que je demande à un monsieur : monsieur le délicat moderne et le cérémonieux, voulez-vous bien vouloir bien me dire ce que vous pensez de l’alimentation carnée et que d’un air de dégoût il me réponde : La viande ? Je n’en pense rien. Il y a plus de cinquante ans que je n’y ai pas goûté. Il se trompe. Il en pense très exactement ceci. Il en a très exactement cette opinion : Qu’il y a cinquante ans qu’il n’y a pas goûté. Cela me suffit. Ce monsieur est un végétarien endurci. Et il en va de même de la métaphysique.

Ce qui résulte au contraire des admirables travaux de M. Duhem publiés dans la même Revue générale des mêmes Sciences pures et appliquées, entre tant d’autres enseignements capitaux, c’est que la marche générale des théories scientifiques, des physiques, et des métaphysiques au sens et dans la mesure où elles s’embranchent sur des physiques, n’est nullement ce que les modernes veulent se la représenter et ou ou nous la représenter. En somme on nous dit qu’il y aurait eu dans l’histoire du monde, au seuil du monde