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contraire, comme ils faisaient des poèmes et des tragédies et des statues et des temples. C’est la meilleure manière d’en faire, et sans doute la bonne, et la seule, j’entends très expressément la seule qui soit, un peu, réelle, qui ait quelque réalité.

Ces antiques théogonies ou théologies, ou mythologies ou philosophies ou théories peuvent sembler grossières ou arriérées. Elles ne le paraissent, elles ne le sembleront qu’aux personnes qui ne voient point que c’est le langage, le langage seul, ce langage admirable, qui à nous barbares nous paraît arriéré. Les théories modernes au contraire se prétendent subtiles et se disent avancées. C’est même le grand mot de toutes les démagogies, politiques et scientifiques : avancées. Et même sociales. Mais pour qui sait voir, dans la métaphysique du monde moderne, et dans beaucoup de ses physiques, c’est le langage qui se croit avancé parce qu’il est prétentieux et laborieux, et la théorie elle-même, et la physique et la métaphysique est généralement grossière et arriérée, infiniment plus grossière et plus arriérée que celle de ces grands anciens.

Quand il n’y aurait que cette grossièreté, cette arrièreté, cette inintelligence, de se renier perpétuellement soi-même, et ce vice de caractère, le plus grave de tous, d’avoir honte de soi, de faire de la métaphysique et de dire que monsieur, ce n’est pas moi. Rien n’est aussi difficile que de faire comprendre à celui qui ne le veut pas qu’on a beau nier, qu’on fait tout de même de la métaphysique, et tout de même de la philosophie, et tout de même de la religion, — que généralement ne pas prendre certaines positions, ne pas occuper cer-