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Eh bien ! je pense que les deux orateurs avaient tort.

On peut parfaitement avoir l’égalité économique, sans avoir la moindre liberté. Certaines communautés religieuses en sont une preuve vivante, puisque la plus complète égalité y existe en même temps que le despotisme. La complète égalité, car le chef s’habille du même drap et mange à la même table que les autres ; il ne se distingue d’eux que par le droit de commander qu’il possède. Et les partisans de « l’État populaire » ? S’ils ne rencontraient pas d’obstacles de toute sorte, je suis sûr qu’ils finiraient par réaliser la parfaite égalité, mais, en même temps aussi le plus parfait despotisme, car, ne l’oublions pas, le despotisme de leur État serait égal au despotisme de l’État actuel, augmenté du despotisme économique de tous les capitaux qui passeraient aux mains de l’État, et le tout serait multiplié par toute la centralisation nécessaire à ce nouvel État. Et c’est pour cela que nous, les anarchistes, amis de la liberté, nous nous proposons de les combattre à outrance.

Ainsi, contrairement à ce qui a été dit, on a parfaitement raison de craindre pour la liberté, lors même que l’égalité existe ; tandis qu’il ne peut y avoir aucune crainte pour l’égalité là où existe la vraie liberté, c’est-à-dire l’anarchie.

Enfin, anarchie et communisme, loin de hurler de se trouver ensemble, hurleraient de ne pas se trouver ensemble, car ces deux termes : synonymes de liberté et d’égalité, sont les deux termes nécessaires et indivisibles de la Révolution.