Page:Cadoz - Initiation à la science du droit musulman, 1868.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sous eux, comme sous Mahomet, la justice et l’administration étaient réunies entre les mains du souverain, qui avait pour auxiliaires, sous ses ordres, des gouverneurs, omara, et des agents ou fonctionnaires dits ’âmmâl et h’okkâm.

Ce n’est que vers la fin du règne d’Ali, et lorsqu’il était aux prises avec les hérétiques, kraouaridj, que, pour se décharger d’un fardeau qui paralysait ses moyens d’action, il institua des cadis ou magistrats spécialement chargés de rendre la justice, parce que la judicature exigeait des connaissances que les gouverneurs et les fonctionnaires en général ne possédaient point. Le premier cadi nommé par lui s’appelait Chourih’. (Voir Ibn-Salamoune, chapitre el-qadha[1].)

Auparavant, et lorsque la justice était rendue par les kalifes ou leurs fonctionnaires, les premiers se donnaient le titre d’imâm ou de soulthâne, souverains, et les seconds, celui d’amir, d’’âamil, de h’akem et même de qadhi. Ces anciennes dénominations sont restées dans les livres de jurisprudence, pour indiquer les juges seulement ou les cadis, soit ceux qui sont spécialement chargés de rendre la justice aux particuliers, tant au civil qu’au criminel, et qui ont même le droit de condamner à mort. Cette remarque est

  1. Sid-Krarchi, commentateur de Sid-Khalil, chapitre de la judicature, sous ce passage : Oua ’âz-lou-hou li-mes’-la-h’a-tine, cite un nommé Chorah’bil-ben-H’asana, qui a été destitué par le kalife Omar. La simple citation par Sid-Krarchi du nom du destitué pourrait faire penser qu’il était cadi et que, par conséquent, l’origine de l’institution des cadis remonte au kalifat d’Omar. Mais, à cet égard, tout doute cesse, à la vue du commentaire du commentaire de Sid-Krarchi, par un célèbre jurisconsulte de Mascara (Algérie), Sid-bou-ras, où il est dit que ce Chorah’bil était un des quatre vice-rois ou gouverneurs envoyés en Syrie, par le kalife Omar, afin de soumettre ce pays à l’islamisme.