chèvre, le chat qui se laissait tirer les poils, le chien qui, en passant, la débarbouillait d’un coup de langue copieux, et, les pattes de devant aplaties à terre, aboyait en face d’elle en se démanchant la queue de plaisir.
Ces braves gens la mettaient à table, avec eux, sur une grande chaise, qu’ils avaient achetée. Elle mangeait bien, aux repas, et puis, entre les repas, tout le temps, des tartines, dont les poules ramassaient les miettes, ce qui la faisait rire, sous son grand chapeau, qui n’empêchait pas le soleil de lui teinter la peau d’un hâle de santé.
Parfois Eugène, en la regardant gambader, devenait triste à songer, qu’à l’automne, il faudrait lui infliger la reprise des habitudes qu’exige le théâtre. Elle poussait si bien là ! Ses hôtes, s’en inquiétaient bonnement aussi.
Un soir, dans le jardin, l’enfant s’était endormie sur les genoux de la jeune fille qui, tout en la dandinant, dénouait avec des précautions féminines les cordons des petits vêtements, afin de la coucher tout à l’heure. L’artiste assis, seul, en face d’elle, la regardait, touché. Et l’on causait à mi-voix, du bienfaisant effet de la campagne.
— La campagne !… fit la jeune fille d’un petit air de doute ; ce n’est pas assez, voyez-vous, M. Eugène… C’est une mère qui lui faudrait.
— Hélas ! où lui en trouver une ? répliqua l’acteur.
Il se fit un silence. Puis, la jeune fille un peu pâle, tout à coup, baissa la tête et d’une voix à peine sensible, murmura :
— Mon Dieu !… il y aurait bien… moi ; mais… ça vous humilierait d’être épicier ?…
SÉMIRE
Le plus ancien dieu d’Orient, ⁂ Sachant que notre engeance ⁂ Or, dans un coin du Paradis, |