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T^CTE III

La grande salle du château SCÈNE I

Nouella seule, s’appuie à la fenêtre

Voici le soir et le soleil couchant ensanglante la grève et les coteaux d’alentour : quelle traînée rouge sur les flots ! Quel silence, pas un bruit! Je prête en vain l’oreille ! Combien tarde à revenir le chevalier poëte auquel s’en va mon rêve ! Où est- il ? A-t-il pu retrouver la harpe de Merlin?

(Songeuse le front entre ses mains). Combien sa voix était carressante, combien ses accents savaient pénétrer le fond du cœur et de l’âme. Il me semblait qu’en chantant il me transperçait de son regard ardent et doux.

(Elle quitte la fenêtre)

Pleure à jamais ton rêve d’une heure. Il ne reviendra plus celui qui, radieux, s’est montré sur ta route dans l’éclat d’une fête et à qui pour jamais s’est donné ton cœur. Il a péri sans doute : peut- être, blessé à mort, gémit-il sans secours dans le creux d’un buisson.

(Un vol de corbeaux passe dans l’air)

Horreur ! où vont ces oiseaux noirs ? On m’a dit qu’ils annonçaient toujours le trépas.