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Merlin

Elle est suspendue aux branches d’un vieux chêne ; ses cordes sont presque toutes brisées, elles ne sauraient plus chanter les blondes épousées, pas plus que la gloire et les conquêtes des rois, leurs batailles et leurs tournois.

Brann

Par pitié ?

Merlin

Jeune étranger, écoute : j’aurai beau la frapper de mon rameau d’or, ma harpe désormais ne peut accompagner que des chants de mort. En vain, l’ayant entre les mains, chercherais-tu des strophes d’amour ou de victoire ; tu ne saurais plus en trou- ver, ta mémoire les aurait désapprises, la flamme s’éteindrait en ton cœur de poète et il ne te viendrait sur les lèvres qu’un cantique de mort.

Brann

Tu veux m’effrayer ? As-tu donc oublié que l’amour ne connaît pas d’obstacles et finit toujours par être vainqueur? Tu as aimé jadis, rappelle-toi ce temps heureux ; qu’aurais-tu fait alors si mon histoire eut été la tienne?

Merlin (songeur à part) Quels souvenirs il me rappelle ?

Brann

Vois, ton silence parle et me dit ta réponse, par pitié, encore une fois, donne-moi ta harpe ou tout au moins prête-la moi, je te la rapporterai et Noella, ma jeune épouse, viendra elle-même te remercier du bonheur que tu nous auras donné.