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sauvages jusqu’à ta profonde retraite ? Je l’ignore... l’ange de Noella et un guide rencontré sur la route ont dirigé mes pas.

Merlin (qui l’a écouté attentivement)

Je suis depuis longtemps mort à tout ce qui est humain : je n’ai dans ma. retraite qu’une ombre, qu’un esprit, Viviane, l’amante àlaquelle je demeure fidèle, que nuit et jour je réclame, dont je poursuis le doux fantôme et que j’ai hâte de rejoindre au tombeau.

Braxk

J’ai entendu parler de tes amours que tu as si èloquemment chantées : Je connais de nom cette Viviane que tes vers ont immortalisée. Aussi, est-ce ensonnomquejetesupplie.Elle vivraitencore qu’elle sourirait, j’en suis sûr, à nos jeunes amours. Donne- moi ta harpe dont les sons charment les rois, les peuples, les bêtes des bois elles-mêmes. Tu feras deux’heureux dont la reconnaissance sera éternelle.

Merlin (tristement)

Ma harpe ? Jadis elle vibrait aux heures de l’au- rore : maintenant, ce n’est que le soir, quand les ombres apparaissent, quand le ciel se fait triste et noir et que les nuées passent en pleurant sur la montagne que j’en peux tirer quelques sons pareils à des sanglots.

Brann

Si j’ai pu te trouver, c’est qu’un heureux destin sourit à ma tendresse. J’ai pour moi l’amour, la foi, la jeunesse ; donne-moi ta harpe : je saurai en tirer des accents de triomphe et d’allégresse.