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Marck

Avant tout, cher hôte, vide avec moi cette coupe. Le deuil, depuis longtemps, règne dans ce château ; puis des guerres nombreuses, auxquelles j’ai pris part, nront occupé et pris tout entier. Mais j’ai toujours aimé la poésie, et je me rappelle les sônes et les gwerz que mon père me faisait lire quand j’étais enfant. Au milieu des combats et des luttes sans trêve dont est faite l’existence, c’est une halte douce que celle où, à l’abri d’un fort donjon, on peut consacrer quelques heures à entendre un poète. Sois donc le bienvenu parmi nous, j’ai hâte de t’entendre.

Noella, à sa nourrice

Je me fais une fête d’écouter des vers : quelles chansons peut-il nous dire. Je brûle d’impatience de connaître le timbre de sa voix

La Nourrice

Oui, ce sera une distraction : il y en a pas beaucoup ici, dans ce triste château.

Brann

J’ai peut-être été téméraire en me donnant comme poète : Seigneur, princesse, soyez indulgents, je vous prie.

Marck

Nous t’écoutons, chevalier.

(Tous l’entourent pour l’entendre).
Brann

Honneur au seigneur Marck, fort entre les puissants,
Et dont les rois, en vain, jalousent, les conquêtes,
Pour célébrer sa gloire au milieu de ces fêtes
Ô muse, inspire-moi d’héroïques accents.
Mais comment chanter les batailles
Dont tu revenais triomphant,
Fier sur ton destrier piaffant,
Suivi des guerriers de Cornouailles