Page:Cadiot - Revoltee.pdf/361

Cette page n’a pas encore été corrigée


X


D’abord Edmée s’était jetée avec bravade dans la voie ouverte par son début à Mabille. Elle avait reçu le marquis le matin, elle s’était montrée dans sa voiture, parée de ses cadeaux ; elle avait même paru mettre de l’empressement à s’afficher ; comme si elle avait craint qu’on ne dise jamais assez tôt : « La baronne de la Chesnaie est la maîtresse entretenue du marquis de B., et qui la veut n’a qu’à la payer. »

Les bouquets du marquis ? elle les avait respirés une heure, puis jetés au vent. Ses bijoux ? elle les avait roulés à ses bras, pendus à ses oreilles et fait miroiter à tous les yeux. Enfin, elle n’avait refusé ni les loges, ni les soupers et, parfois, s’y était montrée d’une gaieté folle ou d’un brio et d’un esprit surprenants.

Quant au marquis, à l’origine, il s’était embarqué dans cette aventure pour le bruit qu’elle ferait. Il aimait, comme ses pareils, à occuper la chronique parisienne. Puis il avait trouvé un piquant singulier à cette grande dame devenue lorette, du jour au lendemain, par parti pris, et en qui tout annonçait l’étoffe d’une grande courtisane. Il pensait, avec plaisir, qu’un jour elle étonnerait tout Paris par son luxe et son insolence, et qu’il pourrait dire : « C’est moi qui l’ai lancée ! » Et pendant quelques jours la vanité satisfaite lui fut une