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VIII


Elle avait été autrement jolie ; mais jamais plus que le samedi suivant, quand elle s’élança d’un coupé de remise dans l’allée qui conduit au jardin Mabille. Une robe de barège blanc un peu ouverte, avec des noeuds de velours noir : au cou, des rangs de perles d’or : d’autres se mêlant à ses cheveux sous un délicieux chapeau de tulle et de marabouts blanc mat, attaché par des brides de velours : une rose rouge au côté gauche, des manches ouvertes et de longs gants de Suède, dans lesquels fuyait son bras blanc : des souliers de velours à hauts talons. Avec cela, pâle, les yeux agrandis par l’endiablement intérieur qui la poussait, les lèvres bien rouges sur ses dents blanches, et je ne sais quelle démarche, haute et hardie, que n’avait nulle autre de ces femmes qui sont là.

Elle s’avançait seule, regardant de côté et d’autre, d’un regard droit et direct, et souriant. Malgré la saison, il faisait un temps superbe, clair et doux, avec un peu de brume. Les becs de gaz donnaient aux arbres empourprés ou jaunis par l’automne, un coloris chaud et diapré. Les fleurs éclataient et débordaient partout de la luxuriante végétation d’automne. On dansait dans le jardin, et toutes les courtisanes en vogue étaient à leur poste, assises sur des chaises en avant du