II
Plus elle approchait de Paris, plus une appréhension insurmontable lui serrait le cœur.
À peine arrivée elle se jeta dans un fiacre, se fit conduire au centre de Paris, et, dès qu’elle avisa un hôtel de modeste apparence, y prit une chambre, demanda du papier, une plume et de l’encre, écrivit ce billet et remonta en voiture, pour le porter elle-même à son adresse :
« Enfin ! c’est moi, mon bien-aimé ! me voici, après quinze mois de captivité, et à travers mille dangers. Viens ! accours ! je suis descendue rue… hôtel de Flandre.... Je t’attends !
– Tenez, mon ami, dit-elle au cocher, quand elle fut arrivée rue du Bac, devant la porte de M. de Ré ; – Veuillez remettre cette lettre au concierge.
Deux minutes s’écoulèrent : deux siècles.
Le cocher qui était descendu de son siège lentement et en maugréant, ressortit de la loge du concierge, la lettre à la main.
– Ce monsieur, dit-il, n’est pas à Paris.
Elle devint très pâle et crut qu’elle allait défaillir. Cependant, elle se dit qu’il n’y avait rien, là, d’extraordinaire. Robert ne l’attendait pas ; il était en voyage, à la campagne, peut-être…