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Ses folies, à lui, furent-elles plus grandes que celles des autres ? Sa figure, sa tournure, les manières aristocratiques qu’il avait prises dans le salon de sa sœur, séduisirent-elles la fillette ? Ou bien, la mère calcula-t-elle que ce jeune homme irait jusqu’où l’on voudrait pour avoir l’amour de Cora ? Il n’importe. Le fait, c’est qu’il devint son amant ; que, presque aussitôt, la fille se trouva enceinte ; que la vieille déclara qu’il fallait épouser ou bien qu’elle ferait disparaître l’enfant, fût-ce au prix de la vie de la mère… et que le comte Armand le Dam d’Anjault épousa, malgré les malédictions de sa famille.

Quand cette famille eut bien maudit pourtant, elle se dit qu’après le désastre du mariage d’Armand, il y en avait un pis à craindre : celui de le voir tomber plus bas qu’il ne convenait qu’un gentilhomme tombât, pour gagner son pain.

On réunit donc encore ses efforts, et on obtint bien loin, en province, une place de dix-huit cents francs dans les bureaux de la préfecture. La belle-mère, le gendre, la bru et l’enfant, y furent expédiés.

Ils y vécurent humblement et honnêtement. Armand aimait toujours sa femme ; la petite fille était charmante, gaie, vive, spontanée, aimée et choyée de tous ceux qui la voyaient. La vieille présidait au ménage et joignait les deux bouts. Elle mourut d’ailleurs au bout de peu d’années, ce qui simplifia la situation.

Malgré la tenue de la jeune femme, jamais la noble famille d’Anjault ne la voulut admettre ni reconnaître. À peine permettait-elle à Armand de parler de sa fille, dans les rares lettres qui s’échangeaient. Enfin une épidémie emporta Cora Mendilla, et ce fut une réjouissance générale, dont volontiers on eût fait sonner les cloches à Clérac, à Anjault et autres lieux où se trouvaient