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XVI

D’abord elle s’était promis d’attendre jus qu’au soir pour lire les vers de son jeune amoureux. Mais elle ne put y tenir, et, tandis que sa femme de chambre descendait appeler la voiture, elle tira le papier de sa poche et dévora le sonnet suivant, qui était écrit en vers italiens :


« Que béni soit le jour, le mois, l’année, la saison, l’heure et l’instant, le beau pays, l’heureuse rive où ses yeux m’ont pris le cœur !

« Béni soit aussi le coup qui m’a blessé, et le sourire et le regard qui me séduisent et me consument !

« Bénis soient les soupirs que je jette au vent pour appeler ma dame, et mes pleurs, et mes cris et mes vagues désirs !

« Et bénis, encore, les vers qu’elle m’inspire et où sans cesse je la chante sans me plaire à plus rien autre ! »


« C’est charmant ! » se dit-elle, rouge et confuse.