Page:Cadiot - Minuit.pdf/49

Cette page n’a pas encore été corrigée

Hermann bondit comme une bête féroce, s’élança sur sa mère, la saisit par les épaules et la jeta sur les dalles de l’escalier.

— Tonnerre ! c’est donc vous, vieille fée, vieille sorcière, qui enseignez l’insubordination à ma femme ! Dehors ! dehors ! et vite ! courez au sabbat, et puisse Satan vous rôtir, vous et votre manche à balai !

Et comme la pauvre mère se soulevait à grand’peine, il l’enleva de nouveau, la traîna à demi-morte sur les degrés, la poussa dehors en jurant, et malgré le froid, malgré la nuit, il ferma rudement la porte.

— Au diable ! dit-il.

Il remonta dans la chambre.

— À vous, maintenant ! la belle mijaurée, reprit-il en cherchant Ketha du regard ; obéissez, et vite trouvez-moi le chemin de la cave ! — Mais, du diable ! serait-elle jà partie ? ce que c’est que de faire sentir le mors à ces diseuses de patenôtres !… — Je ne la vois point !

En cet instant, l’ivrogne heurta du pied un corps inerte ; c’était Ketha qui était tombée évanouie d’horreur, sur le carreau.

Alors Hermann seul en face de sa femme inanimée se sentit marqué du signe de Caïn ; la peur se fit jour à travers les fumées de l’ivresse, et il s’enfuit comme un maudit.

À quelque distance de son logis il rencontra sa mère brisée, meurtrie, sanglante, qui s’accrochait aux ronces