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C’était Pâquerette à s’y méprendre ; c’était Pâquerette telle que l’avaient connue tous les commensaux de la maison, tous les amis, tous les domestiques, qui se récriaient à chacun de ses gestes.

Alors Rouvières devint sombre. Depuis son mariage, il n’avait pas cessé de recevoir avec luxe et d’ouvrir sa maison aux gens puissants ou célèbres ; peu à peu, il abandonna son intérieur. Il sortit plus tôt et rentra plus tard. Souvent même, il se dispensa d’aller chez sa femme et d’embrasser sa fille.

On eût dit que cette enfant tant désirée par lui et accueillie avec tant de joie d’abord, lui était devenue douloureuse à voir.

Quand ce nom de Pâquerette retentissait dans les escaliers et les corridors, il tressaillait comme sous un choc électrique.

Quand la force des choses le mettait en présence de sa petite fille, il était obligé de se contraindre pour subir ses caresses et les lui rendre.

Au dehors il menait une vie bruyante pour s’étourdir. Il fréquentait les théâtres, les cercles, les cafés, les sociétés folles où l’on oublie par instants les souffrances de la vie intime.

Cependant plus le temps s’écoulait, plus son angoisse mystérieuse augmentait. C’était en vain que sa femme essayait de le calmer, de resserrer les liens du ménage précisément par la présence de cette enfant qui aurait