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Et puis, ces fortunes et ces positions qui nous paraissent infimes à Paris, ont en province une valeur énorme : et, si l’on cherchait bien, on serait étonné de voir l’influence qu’elles exercent même en dehors de leur cercle.

Deux mois environ avant l’époque où nous commençons ce récit, le département avait été mis en émoi par un de ces crimes comme il s’en commet, bon an, mal an, trois ou quatre en France. Un vieil avare, soupçonné dans le pays de cacher un trésor, avait été assassiné avec sa servante, dans une maison isolée des environs d’A***.

Un vulgaire eustache connu pour appartenir à la victime, une glace brisée, derrière laquelle un trou dans le mur contenait encore deux ou trois louis oubliés par le voleur, deux cadavres et une fenêtre ouverte, ce fut tout ce que la justice put recueillir ou constater, quand elle arriva sur le lieu du crime.

Depuis, c’était en vain qu’elle avait recherché l’auteur par tous les moyens possibles. Le temps était sec et par conséquent les traces de pas n’avaient pu servir d’indice. Aucun vêtement taché de sang n’avait été vu à personne dans tout le pays.

On avait arrêté, pour la forme, un vieux jardinier sourd qui habitait une cabane à l’extrémité du jardin du bonhomme Mornaix. Mais, comme nous l’avons vu plus haut, faute de renseignements et d’aucune preuve quelconque, on avait dû le mettre en liberté.