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comte Henri pour éclaircir l’histoire d’Isobel la ressuscitée, et il y resta. D’abord, parce qu’il voulut se bien renseigner ; ensuite, parce que la châtelaine savait tant de choses ! et causait si bien !… puis, parce qu’il l’aima comme Ulrich et Henri l’avaient aimée… à damner son âme !

C’était une bacchante, c’était une fée, c’était un docteur… c’était tout enfin !

Cette fois, la noce célébrée sans faste dans la chapelle de Linkenberg, ne précéda que de quelques jours les funérailles du docteur Conrad. Mais, on sonna peu de cloches, on n’étala point de faste, et madame Isobel n’osa plus franchir le pont-levis de son château, car les paysans l’auraient lapidée.

Plusieurs années s’écoulèrent avant qu’elle reparût. Quelques-uns, même, la croyaient retournée pour toujours d’où elle était venue, et l’on commençait à ne plus la craindre, quand par une belle fête, il va deux ans, je crois, on la vit récitant des prières à l’église de Sainte-Ursule, comme elle le faisait avant qu’elle fût morte et ressuscitée.

Les gens sages tremblent et s’éloignent… les jeunes fous la regardent et la suivent de loin… Toi, triste insensé, tu l’aimes !

Franz ne répondait plus ; il semblait à peine avoir entendu la dernière partie de la narration et restait absorbé dans ses rêves.