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plus ou de moins, de lésiner sur le rôti… Je veux me payer un repas comme les gens riches, moi ! et ma foi ! pour aujourd’hui, il faut bien que ces bonnes gens en aient leur part !

— Buneaud !!

Que peuvent-ils bien manger de délicat, de fin, de rare, les gens riches ?

— Buneaud ! Buneaud !!! cria-t-il cette fois de toute la force de ses poumons.

Buneaud arriva enfin, tout étonné d’être dérangé à une heure qui n’était celle d’aucun repas, et tout prêt à s’offenser du ton d’autorité avec lequel on l’avait appelé.

Mais quand il reconnut le nouvel enrichi, son mécontentement se changea en un sourire obséquieux : — Qu’y a-t-il ? monsieur Naigeot, demanda-t-il.

— Que faites vous pour le dîner ? fit Naigeot d’un ton impérieux. — Voilà trois fois que je vous appelle !

— Oh !… comme nous parlons raide… — Je fais faire ce que je vous ai dit : une oie rôtie, une crème au chocolat… puis il y aura le pot-au feu, une salade…

— Pouah !

— Comment pouah ?…

— Oui… C’est commun tout cela, mon cher ! — j’en ai déjà mangé !…

— Ah ! dit Buneaud stupéfait ; mais alors commandez ce que vous voulez.