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— Eh bien ! mademoiselle, vous devez être gelée ? vous n’aviez pas pris votre pelisse. Ah ! bonjour, monsieur Thonnerel !… Est-ce que vous venez coucher au château ? Bon Dieu ! votre chambre qui n’est pas prête ! Nicou !

— Je vais repartir tout à l’heure, Myon, ne vous agitez pas ; tenez seulement un instant mon cheval. Non, mettez-le à l’écurie pour une demi-heure. Attendez d’abord que je détache mon bouquet qui est lié à la selle.

— Ça, un bouquet ! Eh bien ! mademoiselle, vous avez donc fauché toutes les fleurs de madame Margerie ?

— Oui, Myon ; elle a voulu que j’emporte tout cela, l’excellente femme ! et je sens bien le prix de ce cadeau, car j’ai vu combien elle aimait son jardin, ses fruits et ses fleurs. Mets de l’eau dans les vases du salon et dans ceux de la salle à manger ; nous allons fleurir tout Mauguet !

Une lampe brûlait dans le grand salon. Myon avait allumé à la hâte dans la cheminée quelques branches sèches. Cinq ou six potiches, de diverses formes, étaient posées sur la grande table. Les fleurs, déliées, se répandaient alentour. Jeanne et Louis, les yeux baissés, les mains tremblantes, les arrangeaient lentement. De temps en temps ils échangeaient une parole indifférente qui restait sans écho. Ni l’un ni l’autre ne pouvait triompher de son trouble. Et puis, qu’auraient-ils dit ? Jeanne craignait par-dessus tout